22 octobre 2007

Abnégation

Tu aimerais qu'il utilise n'importe quel prétexte pour frapper à ta porte. Là, maintenant. Tu sais bien que c'est impossible, que c'est inavouablement admissible. Mais c'est ce dont tu aurais envie. Là, maintenant. Un coup de fil t'annonçant sa venue. Un détour et des coups frappés à ta porte.

Tu aimerais plonger tes yeux dans les siens. Mais pas pour les raisons d'autrefois. Pas pour le feu qui t'a jadis brûlé les entrailles. Non, pas ça, pas maintenant. Juste pour être en mesure de te reconnaître, de te retrouver dans le regard de quelqu'un qui te connait. Qui te connait et, en même temps, qui a tant à apprendre de toi. Juste pour voir, dans ses yeux à lui, que tu as déjà valu la peine, que tu as déjà été. Point. Et peut-être, s'il voulait te le dire, l'entendre aussi. L'écouter te parler de toi, de lui. Se perdre dans les dédales des conversations, comme lui seul sait en être le maître. Et accepter ses silences. Une fois pour toutes. Ne plus les percevoir comme un malaise, comme un autrefois plus fluide. Écouter ce que ses silences te disent aussi. Et peut-être même en venir à les souhaiter plutôt que de les éviter.

Tu aimerais l'entendre s'insurger contre toi. Le laisser te lancer tes quatre vérités au visage, en les acceptant, puisque ça viendrait de lui. Parce que venant de lui, c'est comme si la crédibilité des propos étaient intacts. Ni biaisés, ni filtrés. Que du brut. Que du vrai.

Tu le laisserais même te gifler, s'il en avait envie. Le laisser te dire à quel point tu es orgueuilleuse parfois. Le laisser souffler tes théories si savament construites. Et lever les yeux vers son regard fier et triomphant sur ta personne. Parce que venant de lui, ce ne serait pas arrogant. Ce serait juste et mérité.

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