12 novembre 2007

M

Je l'ai juré, il y a quelques mois. Je l'ai promis. Je me suis crue. Comme à toutes les fois, j'ai vraiment cru que ce serait la bonne. Merde.

Il arrive encore à me faire flancher. À me mettre des papillons dans le ventre. À me faire espérer qu'on l'aura notre rendez-vous, un jour. Même s'il était sans lendemain. Même si on ne voyait pas l'aurore naître ensemble. Un ciel d'encre me suffirait. Juste une fois. Une seule fois.

Ma tête me dit que je serai déçue, encore une fois. Pas déçue de l'absence d'aurore ou de lendemain. Juste déçue d'aucune concrétisation, peu importe sa forme. Ma tête me martèle de retirer ma main de ces flammes trop sournoises, si peu prévisibles. Les plaies sont parfois si longues à panser, l'as-tu déjà oublié?

Oui mais...

Je ne veux pas de promesses. Je ne veux pas d'aveu. À la limite, je ne veux aucune parole pour appuyer les gestes. Je veux seulement la trame de fond, peut-être un regard, mais rien de plus. Je ne veux pas de tirades truffées de mensonges pieux. Je ne veux pas de ruse de sa part, car ce serait bien inutile pour la finalité.

Il se défilera, comme la dernière fois. Et comme la fois d'avant. Comme à toutes les fois. Ses dernières paroles étaient invitantes, mais éthyliques. Une fois la brume disparue, il se tapera le front en se demandant comment il a pu créer un imbroglio pareil. Et il se sentira piégé. Comme à chaque fois. Et il suffoquera de scénarios désolants, peu probables, mais cousus de fil blanc. De son fil à lui. Et il filera à l'anglaise. Ça, il sait bien le faire. Il arrive toujours à éteindre ma rage avec sa prétendue sagesse et sa clairvoyante prudence.

Oui mais...

Je ne veux pas de serments. Je ne veux pas son numéro de téléphone. Je ne veux même pas de son quotidien. Je veux seulement nous contenter une fois. La fois entre toutes. Faire en sorte que le brasier soit si intense qu'il consume tout sur son passage. Pour qu'il n'en reste réellement que des cendres. Pour pouvoir enfin, finalement, tourner la page. Sans regret. Sans rancune. Juste satisfaite du souvenir qu'il me laissera, bon ou mauvais.

Et mon coeur lui... il s'emballe. Il escamotte les battements au son des cliquetis des touches. Il espère pouvoir l'ancrer une seule fois. Il maudit la distance qui fait toujours en sorte que l'instantané n'est jamais possible quand l'occasion se présente. Il se liquéfie à relire ses mots, ses insinuations. Il flanche parce qu'il n'a jamais su faire face à sa musique si particulière. Mon coeur est toujours aussi faible quand il refait surface.

Mon coeur espère toujours. Depuis dix ans. Il n'a jamais cessé de croire. Ni d'espérer. C'est un mou qui ne sait jamais se taire au bon moment.

Ma tête aura-t-elle le dessus cette fois? Est-ce moi qui aurai la grande sagesse tant difficile à avaler quand elle nous est dictée par autrui? Est-ce que je saurai être celle qui se défilera, cette fois? Et si me défiler signifiait dire adieu à toute possibilité, pour toujours, à jamais?

Force est d'admettre que je ne suis pas prête à prendre ce risque. Je peux me faire marcher sur le coeur des centaines de fois par lui, mais je suis incapable d'indépendance et d'indifférence à son sujet.

Je suis encore aussi faible... et il le sait pertinement.

Aucun commentaire: